12 juin 2011
Je viens de donner la vie.
Un moment magique, inoubliable, chargé d'émotions toutes plus intenses les unes que les autres.
Je me souviens parfaitement de cette sensation qui m'envahie au moment où j'ai attrapé ma fille et l'ai posé contre moi. Son corps chaud, contre le mien et son regard si captivant, déjà.
Nous savourons cet instant avec Mr Jules.
Des larmes perlent sur nos joues.. nous sommes submergés par une vague d'émotions immense.
Mon bébé ne tarde pas à se faire entendre, et elle s'en va dans les bras de son papa pour les premiers soins.
Le regard du gynécologue change soudainement, et se montre inquiétant. Je sens bien que quelque chose ne tourne pas rond mais personne ne daigne me parler.
Je demande alors à la sage femme; si gentille durant mon accouchement, ce qu'il se passe.
Elle m'explique que le placenta ne s'expulse pas et que ça se présente mal. Cela dit, elle se montre rassurante et me disant qu'ils vont appeler l'anesthésiste et que je ne sentirais rien (Tu parles!! Si j'avais su..).
Les minutes passent et.... rien... pas de placenta... ni d'anesthésiste.
Le gynécologue commence alors à me labourer le ventre. Je crois qu'il n'y a pas d'autre expression possible. En fait, c'est comme si un 33 tonnes était en train de me passer sur le corps.
Il appuie avec ses mains sur mon ventre, si fort, que les larmes de joies des instants précedent se transforment en des larmes de douleur.
Il demande à la sage femme de l'aider dans sa manoeuvre et les voilà maintenant deux à m'appuyer sur le ventre de toutes leurs forces. J'ai alors le sentiment de n'être que du bétail à leurs yeux.
C'était son compter ce qui allait suivre.
Le placenta reste toujours accroché et le gynécologue m'apprend que l'anesthésiste ne viendra pas. Il est pris sur une césarienne et ne peut être disponible pour ma petite personne.
Il faut alors faire vite, car plus le temps passe et plus cela s'avère délicat et dangereux.
Je vais alors vivre, les pires moments de ma vie.
Les gans du gynécologue, généralement d'une couleur jaunâtre, deviennent rouges sang. J'arrive à percevoir à travers ses lunettes, le reflet de mon entre jambe complément souillé, et les larmes ne cessent de ruisseler. Je ne pleure plus, j'hurle.
Je demande qu'on arrête, qu'on ne me fasse plus mal.... mais en vain, il est en train de décoller le placenta avec sa main à l'intérieur de moi.
Inutilile de vous dire, que j'ai l'impression de mourrir. Je demande juste entre deux sanglots que l'on prévienne mon homme. Je sais que celui-ci m'entend et je ne veux pas qu'il s'inquiète.
"La manouevre" dure encore et encore... jusqu'à ce que tout soit fini.
Mais là encore, c'était crier victoire trop vite.
Me voilà prise d'affreux vomissements dûs aux anti-inflammatoires que l'on m'a administré. Mon ventre vide de tout, se manifeste alors encore. Je vomis sans cesse et n'ai pas l'autorisation de boire, ce qui m'énerve davantage.
Je reste couchée.
Mon homme, revient avec notre fille. La sage femme me demande de la prendre dans les bras lorsque je suis prise de violentes convulsions. Mon corps m'échappe, ne m'appartient plus. Je ne suis plus maître de mes mouvements. On nous explique, que c'est un choc post-traumatique et qu'il faut attendre.
Mr Jules s'occupe alors de notre ange. Je les regarde et essaie de mon mieux de me calmer.
Les secondes, minutes défilent... j'ai l'impression qu'il se passe une éternité avant que tout redevienne normal.
J'ai accouché à 10h39, il est plus de 13h30 et je n'ai toujours mon bébé tout contre moi.
Je lutte... je me fais rage et ferme les yeux pour essayer de me contrôler du mieux que je peux. Puis, sans m'en rendre compte... je me calme... la fatigue s'empare de moi.
Mon homme, ma moitié, ma vie... me pose délicatement notre enfant sur moi et m'enserre de ses bras si protecteurs.
Les larmes coulent à nouveau mais la douleur fait place au bonheur.